La neurochirurgie étudie les systèmes nerveux centraux et périphériques qui comprennent à la fois le cerveau et la moelle épinière, ainsi que les conditions chirurgicales liées à ces systèmes. Le Professeur Docteur Necmettin Pamir, chef du département de neurochirurgie à l’hôpital Acıbadem Altunizade, affirme que le taux de mortalité associé aux opérations de tumeurs cérébrales a rapidement diminué ces dernières années grâce à l’introduction de la microchirurgie, le taux actuel étant inférieur à 1%. Dans cet article, le Professeur Pamir répond aux questions communes sur le traitement des tumeurs cérébrales qui se développent chez 5 personnes sur 100.000 chaque année.
La majorité des tumeurs cérébrales sont des tumeurs neuroépithéliales qui se forment par les cellules présentes dans le tissu cérébral lui-même. Il y a aussi des tumeurs qui apparaissent dans les méninges qui recouvrent le cerveau ou sur les nerfs proches. Les tumeurs métastatiques quant à elles se développent lorsque le cancer apparu dans une autre partie du corps se propage au cerveau. Enfin, il y a les tumeurs congénitales qui peuvent survenir dans le cerveau ou dans le tissu hypophysaire, ou se développer dans d’autres tissus proches du cerveau et appliquer une pression sur ce dernier.
Les symptômes généraux sont similaires pour tous les types de tumeurs. Le crâne est comme une boîte fermée sur le cerveau. Quand une tumeur s’y développe, elle occupe un volume supplémentaire à l’intérieur du crâne et exerce ainsi une pression sur le cerveau. L’augmentation de la pression intracrânienne conduit aux symptômes les plus significatifs comme les maux de tête, les vomissements, les changements dans le fundus, la stase papillaire… Par ailleurs, lorsqu’un volume supplémentaire exerce une pression sur le cerveau qui fonctionne en émettant des pulsions électriques, cela provoque des crises chez les patients.
Tous les maux de tête n’indiquent pas la présence d’une tumeur au cerveau. Certains maux peuvent être dus à la pression artérielle, à des troubles oto-rhino-laryngologiques ou à des déficiences visuelles. Il peut s’agir également de migraines. Les maux de tête résultant d’une augmentation de la pression intracrânienne quant à eux, font ressentir au patient une sensation d’écrasement. Ces céphalées augmentent lorsque la personne tousse ou éternue. Elles peuvent être plus fréquentes à certaines périodes de la journée. Le patient atteint de tumeur au cerveau a tendance à vomir violemment, sans avoir de nausée.
Nous procédons par une tomographie ou IRM du crâne. L’IRM nous permet de définir la nature de la tumeur, si elle est maligne ou bénigne avec un taux de précision de 93%. Les systèmes d’imagerie modernes fournissent des images nettes et précises des tissus tumoraux pendant la chirurgie du cerveau. Ceci diminue le risque de nouvelles chirurgies dues à des tumeurs résiduelles.
Le mode de traitement est planifié en fonction de nombreux facteurs tels que l’âge du patient et le type de la tumeur, sa taille et son emplacement. Si la tumeur n’est pas très étendue mais que sa taille entraîne une augmentation de la pression intracrânienne, il est essentiel qu’elle soit traitée. La première option de traitement est toujours la chirurgie. La plupart des tumeurs provenant des méninges ou des nerfs proches du cerveau ainsi que certaines tumeurs congénitales sont bénignes. Il est possible d’enlever complètement les tumeurs par la chirurgie sans que celle-ci n’affecte le train de vie normal du patient. Dans le cas où la tumeur est maligne, la recherche a démontré que plutôt elle sera retirée, plus le patient aura de chance de retrouver une vie normale sans séquelles. Par conséquent, notre but est d’éliminer à la fois les tumeurs bénignes et malignes avec autant de succès que possible et sans causer de préjudice supplémentaire au patient.
Un suivi médical simple peut être suffisant dans le cas de tumeurs bénignes de taille inférieure à 1 cm. L’âge du patient est un facteur très important pour prendre cette décision. Les patients d’âge avancé avec des tumeurs bénignes et suffisamment petites peuvent être suivis avec des scans faits une ou deux fois par an. Nos calculs prennent pour base une durée de vie égale à 80 ans. Ainsi, les plans de traitement peuvent varier chez les patients ayant le même type de tumeurs mais dont les âges se situent entre 20 et 30 ans.
Il existe de nombreuses méthodes pour l’élimination des tumeurs. La méthode par ultrasons qui est utilisée avec succès en Turquie depuis 25 ans permet de visualiser les tumeurs ou les résidus tumoraux dans une zone avant ou après la chirurgie. La technologie la plus avancée dans ce domaine est l’IRM peropératoire. Notre hôpital utilise l’IRM intra-opératoire 3 Tesla depuis 2004. Dans le passé, nous procédions à l’ablation de la tumeur et produisions des images le jour suivant pour contrôler les résidus, cela signifie que même si nous constations des résidus dans les images, nous ne pouvions rien y faire. Aujourd’hui, nous disposons de plus de possibilités pour éliminer complètement la tumeur et, avant de refermer le crâne, nous sommes capables de produire des images peropératoires de la zone et continuer à nettoyer les résidus de tumeur s’ils apparaissent sur les images. En outre, ce dispositif nous permet de visualiser les nerfs responsables des mouvements corporels pour éviter de nuire à leurs fonctionnements pendant l’intervention. Cette technologie est une excellente avancée pour les chirurgiens et les patients.
Après une intervention chirurgicale, nous vérifions que la tumeur a été éliminée par une IRM, dans les cas de tumeurs malignes, les patients doivent également recevoir une chimiothérapie et une radiothérapie.
La radiothérapie a connu de grandes avancées. Le traitement par Gamma Knife est principalement adapté aux tumeurs bénignes à la forme arrondie avec des tailles n’excédant pas 3 cm. Certaines tumeurs peuvent être traitées sans chirurgie en utilisant uniquement le Gamma Knife. La radiothérapie conventionnelle a également connu de grands progrès ; le rayonnement est désormais concentré sur les tissus tumoraux afin de préserver les tissus sains qui entourent les tumeurs. En quelques années seulement, le taux de mortalité durant le premier mois suivant une chirurgie cérébrale, qui était d’environ 30% avant 1960, a été réduit à moins de 1% de nos jours. L’espérance de vie pour les tumeurs neuroépithéliales malignes de stade 1 et 2 est passée de 6 à 12 ans. De nombreux patients ayant atteint le stade 4 ont continué à vivre plus de 2 ans.